J’ai vécu « à côté de mes pompes » de 11 à 46 ans. Il paraît que ça s’appelle « état dissociatif ». Mettre un nom sur cet état, comprendre pourquoi je me laissais balloter par la vie sans avoir l’impression de rien maîtriser, de ne pas être présente au moment où je devais faire des choix importants, de ne pas me reconnaître dans mes réactions et d’être toujours dominée par mes émotions, m’a fait un bien fou. Je me rends compte maintenant que les seuls choix que je faisais étaient des « non choix », des fuites devant le moindre risque, et presque tout dans la vie me paraissait un danger…
J’ai consulté de nombreux psy de toute sorte durant plus de 30 ans :
– comportementalistes, psychanalystes, psy en CMPP…
– quand la pression se faisait trop forte, quand je ne supportais plus de sentir (presque physiquement) cet élastique dans mon dos qui me retenait et me tirait en arrière alors que j’essayais d’avancer malgré tout. Cela m’épuisait, psychologiquement et physiquement. Je disais aux psy que je venais les voir dans l’espoir de ne plus jamais avoir besoin d’eux. Malheureusement ce n’était pas le cas et le soulagement n’était que momentané. J’avais l’impression que « cette chose » était toujours là, que je ne me reconnaissais toujours pas dans mes comportements, dans ma vie. J’étais
étrangère à moi-même.
J’ai rencontré le docteur Lénès par hasard, conseillée par ma généraliste dans une de ces périodes où ça allait trop mal pour pouvoir y « couper ».
En deux séances, cette « ligne de tension », cette vigilance apeurée et permanente dont je n’avais même pas conscience, s’est envolée. Je me suis surprise à sourire toute seule, à être (enfin!) dans mon âge, à me sentir pleinement présente dans ma vie et même à la trouver belle, moi
qui précédemment pensais souvent « vivement que ça soit fini! ». J’ai réalisé qu’il y avait en transparence entre moi et le monde, cette enfant terrorisée que j’étais à 11 ans, ne comprenant pas ce qui lui arrive, et que je voyais le monde à travers elle. Cette partie de moi n’arrivait pas à guérir et m’empêchait de grandir.
C’est fini et bien fini maintenant. Je le sens. Je grandis et me découvre chaque jour (à 47 ans, il n’est jamais trop tard !). Je suis beaucoup plus calme, sereine. Je me sens en plein apprentissage de la personne que je suis et de mes capacités, je m’étonne moi-même ! Et surtout, je m’accepte, je ne me fuis plus.
Je réalise la chance que j’ai eue de rencontrer Mme Lénès. J’aurais aimé la rencontrer beaucoup plus tôt dans ma vie, celle-ci aurait été très différente. C’est pourquoi je pense qu’il est très important qu’elle transmette et développe la pratique qu’elle a créée, que toutes les personnes ayant subi un traumatisme puissent y avoir accès, afin d’arrêter de souffrir et de faire souffrir leur entourage.
Pour finir, j’ai également beaucoup apprécié qu’elle m’explique le processus, me fasse lire son livre dans lequel je me suis de nombreuses fois reconnue, c’était déjà une façon de me reconnaître comme une personne adulte à part entière, moi qui me sentais tellement « tronquée », incomplète.
Mélanie C